MAY IN CASA, jour 8
Jour 8, dimanche 15 mai 2022
Aujourd'hui les collègues en transit sont repartis, d'autres viennent d'arriver au Maroc, le démarrage des ateliers de création d'un spectacle déambulatoire est imminent : dès demain et toute la semaine, la fine équipe au complet va se déployer à Agadir, Tanger, Dakhla, Rabat, Marrakech, Casablanca, El Jadida, Laayoune, Essaouira et Oujda.
Je teste l'appli Heetch, la chauffeuse adorable me parle du festival Gnaoua Musique du Monde à Essaouira qui a lieu chaque année en mai ou juin; elle y était allée lorsqu'elle avait 17 ans, sa première sortie loin de Casa et du domicile familial, elle en garde un souvenir mémorable, les hôtels étant pleins les gens dormaient dehors, l'ambiance était douce et joyeuse, on lui avait fait des tresses sur la moitié de la tête laissant le reste dénoué, l'effet était très beau, tous portaient des coiffures particulières; ses yeux se font doux à l'évocation de ces agréables souvenirs.
Elle me dépose avenue Tan Tan, quartier El Hank, j'ai rdv avec ma future collègue enseignante -la quatrième classe à Val d'Anfa fin de semaine prochaine- avec son époux que j'ai rencontré il y a quelques jours en visitant la mosquée Hassan II. Les voilà me guidant au cœur de ce quartier populaire, pour admirer une bonne partie des fresques réalisées pour le projet Casa Mouja/Urban Art Wave entre 2018 et 2021. Il s'agit principalement d'œuvres figuratives, pour la plupart des portraits; aucune fresque n'est toyée, elles égaient les sites sur lesquelles elles s'épanouissent comme des fleurs colorées, entre immeubles neufs, abîmés ou en cours de construction. Il fait chaud, entre les immeubles défraichis on déambule dans les ruelles odorantes encombrés de détritus, juste en face s'étend la jetée et ses restaurants chics. On pénètre dans l'un d'entres eux; "La cascade" dévoile une vue imprenable sur la mer, on sirote un cocktail en picorant des fruits, une brise légère balaie délicieusement nos visages. On discute de nos vies, ils ont vécu longtemps en Espagne à Saragosse, puis l'école qui les employait a décidé de ne pas renouveler leurs contrats pour privilégier les instit locaux; période sensible où ils ont du tout quitter, tout vendre, tout laisser, pour recommencer ailleurs. A Casablanca depuis Octobre 2021, chacun s'acclimate à son rythme. Les gens, l'ambiance, le tempo, tout est très différent de l'Europe. Ici misère et pauvreté côtoient le luxe en permanence.
On prend un petit taxi pour le centre ville, quartier du Maârif, sur la route les yeux de mon camarade se mettent à briller, il s'écrie joyeusement qu'il vient de voir le numéro un, sa compagne comprend de suite, et cherche le fameux taxi qui a déjà filé; le couple m'explique que les taxis ont un numéro d'agrément sur le toit de leur véhicule, que ceux qu'on croise de nos jours ont des nombres à quatre chiffres, il est difficile d'en voir à 3, 2 ou 1 seul chiffre. Voir le numéro 1 est inespéré, c'est un signe de chance!
On va manger à l'Espace du professeur, sorte de resto populaire très fréquenté le midi, très calme le soir. L'ambiance est paisible et familiale, ici pas de brise légère, une petite cours où des enfants jouent, des hommes qui regardent le foot avec animation. Je dévore un délicieux tajine pomme de terre, petits pois, courgettes qui me remet d'aplomb. On passe devant le Twin Center de Casablanca, on se faufile au 28ème étage de la tour A, une des tours jumelles abritant un hôtel 5 étoiles au sommet duquel on jouit d'une vue incroyable, "le meilleur panorama possible sur la ville". La nuit s'est levée, les lumières scintillent, je dois filer mais je note: revenir!
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