BACK TO CASA, Jour 6

   Jour 6, jeudi 16 mars 2023

Ça y est c'est le jour J, la bonne journée bien joufflue qui nous attend de 7h45 à minuit! Force et honneur!

Je démarre avec le groupe de 4ème pour les finitions de la marionnette oiseau ; j'ai envie de sobriété, d'oiseau blanc aux lignes pures, ils veulent un oiseau bariolé, on négocie, ce sera papier blanc avec des touches de couleurs. Leur enseignante se révèle une source intarissable, elle se débrouille pour trouver le matériel dont on a besoin dès qu'on en a besoin, au fur et à mesure que nos idées se précisent. On va ensuite répéter in-situ la scène qu'ils ont imaginé avec mon binôme (au jeu et à la scénographie), comprenant une partie intimiste mettant en valeur les textes écrits par les élèves sous les jeux de lumière des couloirs du bâtiment, et un second volet résolument rock dans laquelle l'oiseau fragmenté se déploie.

Je retrouve en fin de matinée le groupe de 6ème/5ème d'éco-ambassadeurs, rejoint par les animateurs qui les accompagneront pendant la déambulation, et enfin mon collègue porteur du projet au sein de la compagnie. Ils reprennent ensemble toutes les missions qui leur incombent, le tracé des 6 parcours, toute l'organisation pour répartir et diriger les spectateurs, les différents points stratégiques. Je crée le groupe en ligne qui leur permettra de communiquer pour gérer l'avancée du public d'un spectacle à l'autre, puis je récupère les 6 plans des 6 groupes afin de les imprimer pour le public, a priori 180 personnes.

Pause déjeuner, pause café (mais sans la douce Véronique Jannot!), et on repart pour le filage prévu de 14h à 18h. Tous les participants se réunissent dans la cour du lycée, les 5 groupes gérés par la compagnie mais aussi ceux de l'orchestre, des danseuses et de la chorale. Prise de parole des deux organisateurs qui ré-expliquent les rôles de chacun et expriment l'importance, la qualité et l'ampleur du travail accompli. Le filage commence avec en ouverture la chorale, puis chaque équipe se met en place dans son espace ; toutes les scènes durent en moyenne 5 minutes et seront jouées 6 fois d'affilée.

Je file avec les 4ème attraper l'enceinte et la marionnette puis on s'installe dans notre recoin de la cour du collège. La première représentation démarre en même temps que commence la récréation.
Indescriptible. L'expression qui conviendrait se situe quelque part entre Enfer et damnation et Stupeur et tremblement. Les collégiens ne savent pas ce que nous préparons, ils n'ont aucune piste concrète sur ce que nous faisons, du coup les moqueries mêlées de curiosité pleuvent, je décide de maintenir néanmoins le premier puis le deuxième passage, je répare la marionnette qui a un peu souffert, essaie de regonfler le moral (fragile) des troupes. La récréation est terminée, on enchaine les quatre autres passages, les élèves spectateurs se montrent enthousiastes, le moral remonte timidement.

On termine la répétition de nouveau avec la chorale, cette fois-ci dans le parking souterrain, très long corridor sombre où l'acoustique incroyable associée aux lumières vacillantes portées par les élèves comédiens crée une vague émotionnelle extrêmement forte qui nous bouleverse, certains ravalent une larme, d'autres laissent couler, on sort tous de là un peu chancelants.

Bilan par team puis de tous les participants, les retours sont unanimes : ils viennent de vivre une des pires conditions de représentation qu'on pouvait imaginer. On leur explique que la déambulation définitive sera complètement différente, tant par la qualité d'écoute du public qui vient pour les voir et les entendre, que par la justesse de la mise en scène imaginée pour la nuit qui ne peut se révéler en plein jour.

Pause bien méritée, le rdv est pris, la déambulation se déroulera de 19h30 à 22h.
Et là, la magie opère.
Les binômes et trinômes de guides accompagnent la foule (plus de 250 personnes!) avec brio, anticipant les avancées trop grandes et rallongeant les distances au besoin, les élèves participants sont hyper concentrés dans leurs rôles at assurent comme des pros, le public est attentif, bienveillant et curieux, les échanges avant et après chaque saynète tissent un lien chaleureux.

Le final résolument urbain et décalé est un succès. Pari tenu. We did it!