Crêpe et cougar.

Dans le train en direction de la Rochelle , des tranches de vie explosent.
Le bavardage des gens qui se rencontrent là et se racontent leur vie sans ambages.
C'est le cas des deux femmes derrière moi: je ne les vois pas mais je les entends et je les imagine. 

Le portable est sonore, la voix également .
Très vite la conversation devient plus feutrée ; l'une avoue qu'elle n'a pas pris le train depuis plus de 20 ans car elle a l'habitude de voyager en avion , plus rapide. Sa voisine en revanche prend régulièrement ce train pour se rendre à Quimper, où réside sa fille : elle mettra la journée à arriver , ce qui horrifie la dame qui chérit les avions.

Les discussions se succèdent , glissant de sujet en sujet.
J'essaie pudiquement de ne pas écouter mais des bribes se détachent :
Mère décédée
J'ai toujours rêvé de vendre des crêpes 
Moi j'adore les garnir
Je ne crois pas en Dieu mais en la Vierge
Le sexe, c'est toujours pareil, toujours les mêmes positions
Je suis très ésotérique 
Lavabo à refaire
Jésus n'est pas né un 25 décembre 
C'est une cougar. Une quoi? Une cougar
D'ailleurs on dit bien qu'il ne faut pas se marier en Mai, cela fait des mariages malheureux

Le téléphone de l'ésotérique sonne, elle répond ; sa voix se fait plus forte, son ton plus rigolard voir graveleux . Le vocabulaire se familiarise, les détails persos pleuvent: intrusion violente et fugace dans la vie privée d'une inconnue.
Celle qui aime garnir les crêpes pianote pendant ce temps sur son portable décidément bien sonore.

Je m'étale sur les deux places ; un jeune homme , mon voisin sur le billet sncf, voyant le peu de monde dans le wagon, s'est assis sur la rangée de devant, et j'apprécie le geste.
Avant de s'installer, il a enlevé les uns après les autres ses pulls, arborant un joli t-shirt bleu manches courtes, des bras fuselés et une gorge découverte, ce que j'apprécie également.

J'ai froid, j'enfile un pull supplémentaire.



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