La cible parfaite.

Dans le Tram direction Lormont la Gardette.
Une femme gesticule, parle toute seule, frappe obstinément la vitre.
Les petites merdeuses qui l'ont agressées rient et se foutent bruyamment de sa gueule; c'est le spectacle rêvé, mieux que le ciné car là c'est pour de vrai.

Elle est un peu âgée, les cheveux grisonnant, plus très jolie, on sent encore beaucoup d'énergie, de colère. De la fierté aussi; de la souffrance, surtout. Elle porte un énorme sac sur son dos, qui doit surement contenir toute sa vie.

 L'esclandre a été vive, rapide, violente. Puis tout est redescendu comme un soufflet. Les filles sont allées s'asseoir plus loin; maintenant la femme est planté prés de la vitre, elle essaie de se calmer en faisant des mouvements de bras, à la fois offensifs et défensifs, comme si elle cherchait à créer un halo protecteur invisible autour d'elle.

Les merdeuses se déplacent pour mieux goûter de la vue.
Elles passent des coups de fils en jubilant.
Les gens regardent la femme et sourient, se marrent silencieusement.
Ça met tout le monde d'accord une personne qui s'agite toute seule, on se met du côté du plus fort, du plus "normal".

Que cette femme, à ce moment là, gesticule  comme un pantin parce qu'elle se débat avec sa propre violence contenue, qu'elle dévoile maladroitement sa souffrance aux yeux de tous, tout le monde s'en contrefout.
Ça fait rire.

Elle vient de descendre.
Je n' ai rien dit ;
mais pourtant, je vous jure que je la soutiens silencieusement de toutes mes tripes.


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